10 000 dollars d'amende
pour les boucliers humains
Associated Press (AP) Faith Fippinger © AP/Sarasota Herald-Tribune,
Jeremy Taylor
Retour difficile pour les 'boucliers humains' américains: les
militants qui avaient gagné l'Irak pour tenter d'empêcher
la guerre sont désormais menacés de lourdes sanctions
par Washington, avec à la clé une forte amende, ou à
défaut de payer, une peine de prison de 12 ans.
Institutrice à la retraite, Faith Fippinger, s'était rendue
en Irak pour servir de 'bouclier humain'. Le département américain
du Trésor lui a signifié qu'elle avait violé la
loi en franchissant la frontière irakienne avant la guerre. Des
sanctions imposées par les Etats-Unis interdisaient aux citoyens
américains de se rendre en Irak et de se livrer à des
transactions commerciale ou financière avec le pays.
Mme Fippinger, qui est rentrée aux Etats-Unis le 4 mai, s'est
vu infliger une amende de 10.000 dollars, mais elle a refusé
de la payer et pourrait donc écoper de 12 ans de prison.
Dans une lettre adressée aux autorités, elle affirme sur
le ton du défi que 's'il faut choisir entre des amendes ou la
prison, 'vous devez savoir que je ne donnerai pas de l'argent au gouvernement
américain pour qu'il puisse continuer à accumuler des
armes'. Puisqu'elle refuse de payer, dit-elle, 'peut-être que
l'autre possibilité (NDLR: la prison) devrait être considérée'.
Le gouvernement a demandé à Mme Fippinger, 62 ans, de
donner des détails sur son voyage en Irak et sur toute transaction
qu'elle a pu y faire. Dans sa lettre, elle précise n'avoir dépensé
de l'argent que pour acheter des vivres et des fournitures d'urgence.
Si elle ne paie pas, l'amende pourrait être revue à la
hausse et l'argent prélevé directement sur sa pension,
ont averti les autorités.
Le gouvernement a également condamné un autre militant
anti-guerre qui s'était rendu en Irak, Ryan Clancy, 26 ans, à
10.000 dollars d'amende. Il est accusé d'avoir violé les
sanctions sur l'Irak et risque également 12 ans de prison s'il
ne paye pas.
'Je n'ai pas l'intention de verser de l'argent pour avoir été
là-bas et travaillé avec des enfants', a souligné
cet ancien bouclier humain, qui dénonce 'une accusation arbitraire'.
Le porte-parole du département du Trésor, Taylor Griffin,
a expliqué que certains boucliers humains américains étaient
passibles d'une amende parce qu'ils ont ignoré les sanctions.
Il n'a pas dit combien de militants étaient visés par
ces amendes. Selon Mme Fippinger, il y avait une vingtaine de boucliers
humains américains en Irak.