Ils ont osé le faire
Franck Moulet vit un cauchemar. L'année avait pourtant bien commencé
pour cet étudiant de vingt-sept ans, originaire des Bouches-du-Rhône :
trois semaines de vacances idylliques avec sa fiancée sur les
plages de sable fin de l'île de Saint-Domingue. Le 10 janvier,
les amoureux s'apprêtent à regagner leurs pénates
lorsque Franck est interpellé par la police new-yorkaise. Chef
d'inculpation : " fausse alerte à l'attentat ".
Rappel des faits. Lors du vol American Airlines Saint-Domingue-New York,
Franck se sent mal. Il va, comme le commun des mortels, aux toilettes.
Trop, apparemment, au goût de l'hôtesse de l'air, qui viendra
frapper à la porte des cabinets et qui le gardera à l'oil
tout au long du vol. Excédé, Franck lâchera à
sa sortie de l'avion : " Vous ne croyez quand même pas
que j'ai posé une bombe ? " Depuis, le Français
est en prison ; il encourt une peine de quatre ans ferme. Ce n'est
ni un canular ni une sitcom de série B made in USA. Franck Moulet
est la victime de la psychose entretenue à l'attentat terroriste.
On savait qu'au pays de l'Oncle Sam il fallait éviter d'être
pauvre, progressiste, noir ou encore originaire de pays arabes. Quelques
nouvelles mesures de précaution s'imposent désormais si
vous devez vous rendre aux États-Unis : évitez le
regard fuyant ou insistant ; abstenez-vous d'être indisposé ;
sachez que le temps " au petit coin " vous est compté ;
et surtout n'ayez pas recours à la plaisanterie ou à l'agacement
pour expliquer que vous êtes malade. Parce qu'aux States on ne
badine pas avec l'humour.
Cathy Ceïbe